Exuviation
H – 110cm
C'est l'histoire d'une petite fille interloquée qui n'a su comment définir sa sidération face au monde. C'est mon histoire, celle d'une promesse jamais formulée: inverser le principe d'une croissance humaine dominante et conquérante, en acceptation de nos béances, de nos incompréhensions, qui se rêve en lien avec sa monstruosité.
Ma réflexion sur la mue débute à l'été 2016 par l'observation d'exuvies de cigales. C'est une désincarnation qui me permet alors une mise à distance de mon propre corps.
J'imagine alors l'humanité réincarnée en un principe binaire, miroir faussement symétrique. Je cherche le reflet d'un paradoxe enfoui afin de discerner la dualité nécessaire d'une régénérescence.
Rêve de gémellité, double fracassé, membres, famille d'organes, deux profils qui ne constitueront pas un visage, deux êtres dans une seule enveloppe.
D'un phénomène de régénération possible dans le règne animal, je fais de la mue une extrapolation, une tentative d'extirper l'espèce humaine de sa morgue destructrice.
Ce qui m'interpelle c'est le temps mis en œuvre dans la conquête de nos espaces intérieurs inexplorés, se matérialisant en possible salutaire, dans la part troublée de notre humanité. Une folle promesse se profile. Alors que dans la marche des choses un adulte naît d'un corps d'enfant. Que se passe t-il lorsque d'un corps d'enfant naît un corps sensible dont l'enveloppe exprime ses états d'âme, son refus de perpétuer l'immuable?
Renverser la course exponentielle, qui naît qui meurt sans jamais remettre en question sa raison de croître et sa crainte de régresser.
Mes recherches plastiques portées par un souffle baroque, font naître des formes hybrides propres à questionner notre rapport à l'altérité.